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La prière d’al-‘îd en confinement : l’essentiel à savoir

La prière d’al-‘îd est une forte recommandation (sunna mu-akkada) qui concerne toute personne concernée par l’obligation de la jumu’a. C’est-à-dire : toute personne pubère, homme, non-voyageur, résident à proximité de la ville. Dans l’école malikite, la sunna ne s’acquiert qu’à condition de la prier avec l’imam.

Cependant, le contexte de confinement qui perdure nous empêche de procéder à la prière collective habituelle en présence de l’imam. Cela nous amène à nous poser trois questions :

1/ Peut-on, voire doit-on tout de même la prier à domicile ?

2/ Peut-on la prier en groupe chez soi ?

3/ Peut-on y effectuer une khutba (prêche) comme on le fait habituellement ?

Il est recommandé (mandûb) à toute personne ne pouvant assister à la salât al-‘îd en groupe avec l’imam de prier chez soi la prière d’al-‘îd en respectant les modalités de celle-ci (nombre de takbîrât, 2 unités à voix haute). Il sera possible, au choix, de le faire individuellement ou en groupe. Toutefois, on n’y fera pas de prêche (khutba). Tout cela, à partir de l’entrée du temps de la prière de duhâ et ce jusqu’au zawâl (entrée du temps du dhuhr).

1- Peut-on la prier à domicile ?

A ce sujet, il faut savoir que, dans l’école malikite, ceux à qui il n’incombe pas à titre de sunna de se rendre à la salât al-‘îd (les femmes, les enfants, les voyageurs) ou bien ceux à qui cela incombe mais qui ont manqué la salât avec l’imam, il leur est recommandé (mandûb) de la faire avant le zawâl (entrée du temps du dhuhr). [1]Charh al-Saghîr, Dâr al-Fadîla, p.661

2° Peut-on la prier en groupe chez soi ?

Dardîr dans Charh al-Kabîr sur Mukhtasar Khalîl dira : « il leur est recommandé individuellement (fadhdhan) ou en groupe (jamâ’atan) ». Ce qui semble indiquer la permission de l’un comme de l’autre. Mais Dusûqî le commente en ajoutant : « et on a pu dire : ils l’a prient individuellement uniquement, et on l’a considéré comme étant l’avis prépondérant ». [2]Charh al-Kabîr, al-Maktaka al-‘Asriyya, p.284 Il y a donc une divergence dans l’école malikite sur la possibilité, pour cette catégorie de personne, de la prier en groupe.

Au sujet de cette divergence, Ibn Hamdûn – dans sa hâchiya sur Mayyârah qui commente le matn d’Ibn ‘Âchir – dira que le plus authentique des deux avis est la permission de prier en groupe [3]Il faut toutefois mentionner que ‘Illîch dans son commentaire sur le Mukhtasar de Khalîl accordera la prépondérance à la non-permission : « Ou qui est concerné par elle et l’a manqué, c’est-à-dire la salât d’al-‘îd de celui pour qui elle est sunna avec l’imam en vertu d’une excuse légale ou non, il lui est recommandé (mandûb) de la prié individuelle et non en groupe selon l’avis prépondérant. » [Manh al-Jalîl de ‘Illîch, al-Maktaba al-Châmila, p.467]. Je remercie le frère qui a fait mention de cette référence.:

« De même qu’il est recommandé (mustahabb) de la faire pour qui l’a manqué avec l’imam. Et est-ce [qu’il la priera] en groupe ou seul ? Il y a deux avis. Et le plus prépondérant (arjah) des deux est le premier comme dit dans at-Tirâz [ouvrage du Qadi Sanad]. Et il n’y a pas de khutba, et cela sans divergence comme rapporté par al-Hattâb. Et le dhâhir est que celui qui l’a manqué est interdit de la prier en groupe (jam’i-hâ) dans la mosquée ou dans la musallâ. Et ce qui indique cela est la parole d’Ibn Habîb : celui qui a manqué al-‘îd il n’y a pas de mal à la faire en groupe avec des membres de sa famille (nafr min ahlih). » [4]Hâchiya Ibn Hamdûn, Dâr al-Rachâd, p.264

3- Peut-on y effectuer une khutba (prêche) ?

Effectivement, on trouve chez al-Hattâb dans son commentaire de Khalîl le fait que le Qadi Sanad a tranché en faveur de la permission de la prier en groupe, et il y précise de façon catégorique : sans y faire de prêche (khutba) :

« Il apparait du propos de l’auteur d’at-Tirâz (Qadi Sanad) qu’il ait accordé la prévalence (tarjîh) à la permission de la faire en groupe, (…) et il ne procèdera pas au prêche (khutba) et cela sans divergence. » [5]Al-Hattâb, Dâr al-Ridwân, p.198

L’essentiel des règles de la prière d’al-‘îd :

Les recommandations qui précèdent la prière en tant que telle :

  • La nuit qui précède le jour d’al-‘îd, il est bon de la vivifier en prières nocturnes et en invocations.
  • Il est recommandé de procéder au ghusl (grande ablution) avant de s’y rendre, de se parfumer pour les hommes, et se vêtir de vêtements neufs (peu importe leur couleur).
  • Spécifiquement pour al-‘îd de la fin de Ramadân, il est recommandé de manger quelque peu avant d’aller à la prière et notamment des dattes.
  • En s’y rendant, on fera abondamment le takbîr jusqu’à ce que commence la prière d’al-‘îd.

Les modalités de la prière elle-même :

  • Le temps où il est possible de la réaliser commence à l’heure de duhâ (lorsque le soleil est bien élevé dans le ciel) et s’étend jusqu’au zawâl (entrée du temps du dhuhr). On y fait ni adhân ni iqâma. Une fois l’heure du dhuhr entrée, il n’est plus possible de s’en acquitter.
  • La prière est composée de deux unités à voix haute.

Pour la première unité :

  • On prononce 7 takbîrâtAllâhu akbâr ») en incluant la première permettant d’entrée en prière (takbîratu-l-ihrâm).
  • Et on y récite – à voix haute – la sourate al-Fâtiha suivie de sourate al-A’lâ ou al-Ghâchiya ou une sourate semblable à celles-ci.

Pour la seconde unité :

  • On prononce 6 takbîrâtAllâhu akbâr ») en incluant le takbîr par lequel on se relève de la seconde prosternation de la première unité pour se mettre en position debout.
  • Et on y récite – à voix haute – la sourate al-Fâtiha suivie de sourate al-Chams ou al-Layl ou une sourate semblable à celles-ci.
  • Pour le reste il s’agit de deux unités classiques jusqu’au salut final.

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